Retraites: vrai-faux problème

Publié le par cassetoi-vlp

 

Pour les fainéantEs, le fichier son

 

« Il va bien falloir réformer les retraites », nous assène-t-on déjà. La petite musique est en route. « Équitable », car les pensions du privé ne sont pas calculées comme celles des agents de l'état « logique » car, n'est-ce pas, on vit plus longtemps qu'avant, « inévitable », car le déficit pointe son nez à l'horizon, l'idée de cette réforme est déjà blindée par le discours dominant. Et si vous en avez entendu un autre, je ne peux que vous féliciter pour vos sources d'information.

Les débats à ce propos sont souvent très techniques, et l'on a vite l'impression de n'y rien comprendre. À s'y laisser prendre, on tomberait dans le renoncement, ce qui probablement ne dérangerait guère la technocratie. En réalité, la struture du problème est assez simple. Je vais donc paraître énoncer quelques évidences. Il y a deux raisons à cela : premièrement un rappel n'est pas toujours inutile à qui sait. Deuxièmement, je m'adresse aussi aux personnes qui n'ont pas ces connaissances en tête, et peut-être plus encore à elles.

Mais entrons dans le vif du sujet.

 

Les retraités touchent des pensions, jusque-là tous les trimestres, apparemment tous les mois maintenant. L'argent de ces pensions provient des cotisations versées sur les salaires. C'est une partie des cotisations sociales, que les patrons et leurs porte-paroles appellent charges. Elles sont un salaire différé, car ces cotisations, ajoutées à ce que nous touchons, forment le salaire brut. Il est différé car nous ne le percevons que plus tard, lorsque nous sommes retraités, malades, enceintes, etc...

C'est tout ? Pour l'instant, cela suffira. Pour pouvoir verser les pensions, on a besoin des cotisations. Lorsqu'il n'y a pas suffisamment de cotisations, les caisses sont en déficit. Elles doivent emprunter sur « les marchés », et donc payer des intérêts. La dette se creuse encore.

On a donc un problème tout simple, à deux solutions : diminuer les dépenses, ou augmenter les recettes.

On peut déjà faire une première remarque : dans tout le débat médiatique, l'une de ces solutions n'est jamais évoquée. On cherche tous les moyens pour diminuer les sommes à verser par les caisses, mais leur faire toucher plus d'argent... Ce n'est même pas impossible, c'est impensable. On ne va même pas jusqu'à le proposer pour le refuser ensuite. Et pourtant, des questions idiotes, on en pose dans ces débats. C'est le moment où le journaliste se « fait l'interprête des questions que se posent les spectateurs/auditeurs ». Et l'« expert » prend alors un petit air supérieur pour expliquer au bon peuple que... Vous voyez à quoi je fais allusion ?

 

Diminuer les dépenses

Cela suppose que les pensions soient moins élevées, ou que moins de gens les touchent. Ou les deux, comme on nous en menace la plupart du temps. Certains appellent cela « répartir les efforts », ce qui permet de se donner le genre compréhensif-social-équitable.

Répartir ? Entre nous qui toucherons plus tard, et nous qui toucherons moins. Experts comme dirigeants, pour la plupart, ont des revenus qui leur permettent de ne pas compter sur la pension pour vivre. Si l'on a suffisamment d'argent placé, les retraites, c'est le problème des autres. Pour eux, c'est une solution, qui leur rapporte de jolies sommes à venir faire de la fumée dans les médias.

Pour que moins de gens aient droit à la pension, on peut retarder l'âge légal, ou exiger plus d'années de cotisation. Lorsqu'un gouvernement se vante de ne pas toucher à l'un, c'est pour taper sur l'autre, en général.

En ce moment, par exemple, on entend partout que l'âge légal ne sera pas repoussé. Mais il faudra plus d'années de travail pour avoir sa retraite complète, et qui vous embauchera, licenciés à 59 ans, voire avant ? Qui d'entre nous a pu travailler sa vie durant sans interruption ? La moitié des nouveaux retraités ne quitte pas un emploi, mais le chômage. Ils seront bientôt plus nombreux, pour plus longtemps. Une fois perdu tout espoir de retrouver un emploi, il faudra bien partir avec une pension encore diminuée.

Parenthèse, on fait donc passer la charge sur les caisses d'assurance-chômage. Et d'ici quelques années, on vous dira qu'elles ont un déficit insupportable, et que ces indemnités-là doivent aussi être baissées.

Personnellement, j'aurais bien envie de prélever des cotisations sociales sur les chômeurs, en taxant collectivement les entreprises, qui n'y sont pas pour rien : dégraissages, fusions-acquisitions, licenciements boursiers, délocalisations, etc... Tu vires quelqu'un pour gagner plus, tu continues à payer ses cotisations jusqu'à ce qu'il (elle) ait retrouvé un boulot correct. Mais bon, personne n'a l'air d'y croire, ce ne doit pas être une bonne idée.

Donc, la solution la plus répandue est de diminuer les dépenses. Bonne idée, en effet : sans même parler des million de gens qui glissent sans ralentir vers le seuil de pauvreté, tout cet argent qui ne sera plus versé va manquer aux entreprises. A-t-on déjà vu un commerçant assez idiot pour ruiner ses clients ? Oui, si c'est un haut dirigeant qui a fait de grandes écoles.

Et les retraités ne glisseront pas tous seuls. Le toboggan sera légèrement surpeuplé. Rappelons-nous qu'aujourd'hui, ils aident financièrement leurs parents, leurs enfants, et souvent leurs petits-enfants. Quand tout cela va disparaître, quelle glissade mes amis !

Décidément, la baisse des dépenses ne peut pas être une solution. C'est une des formes de l'austérité qui pousse le pays à la ruine. Et ce n'est pas une expression toute faite.

 

Augmenter les recettes

Le premier moyen qui vient à l'esprit consiste à augmenter les cotisations. Certains syndicats n'y seraient pas opposés. D'ailleurs, les cotisations ont toujours augmenté, jusqu'à une vingtaine d'années en arrière. C'est un pourcentage du salaire, et comme le salaire net augmentait lui aussi, c'était tout à fait supportable. Du moins pour les salariés. Car, n'oublions pas, il existe aussi une cotisation patronale. Et, bizarrement, depuis que le rapport de force est franchement défavorable aux salariés (1982), le taux des cotisations patronales est gelé.

Il faut bien dire que ruiner les caisses de retraite ne met guère en danger les grands patrons (voir plus haut). Pour certains, cela les arrange même : il existe des compagnies privées qui vendent des assurances complémentaires, et plus la retraite devient insuffisante, plus ils ont de clients.

Mais avant même d'augmenter les cotisations, il s'agirait de les percevoir ! N'oublions pas que pour la moitié des salariés entre 1 SMIC et 1,6 SMIC, les patrons sont plus ou moins exonérés de cotisations. Si vous êtes au SMIC, réjouissez-vous, votre patron ne paie pas de cotisations du tout. Mais ne vous demandez pas pourquoi il ne vous augmentera jamais...

 

Mais surtout répartir les gains

L'argument-massue depuis des années consiste à dire qu'il y a de moins en moins d'actifs pour financer la pension de chaque retraité. Ce point est vrai, mais la conclusion que l'on en tire est un mensonge.

D'abord, si le nombre de cotisants baisse, cela tient en bonne partie au chômage, dont les salariés, actifs ou retraités ne sont pas les responsables (voir plus haut).

Ensuite, on oublie de dire que ces salariés moins nombreux produisent pourtant de plus en plus de richesses. Ils rapportent plus d'argent à leurs patrons. Ils sont plus productifs.Le travailleurs de France sont même les plus productifs du monde, c'est une étude étazunienne qui le dit. Donc les entreprises françaises gagnent plus d'argent qu'avant en versant moins de salaires. Elles pourraient largement supporter un niveau de cotisation qui permette de financer les retraites. Mais pour l'instant elles ont réussi à l'éviter. Personne ne choisit de payer plus s'il peut faire autrement.

 

Le rapport de force

Comme on a commencé à l'évoquer, la situation des caisses de retraite peut tout à fait trouver sa solution. Mais cette solution déplaît aux entreprises, qui ont déjà beaucoup de charges : elles sont en concurrence pour attirer les actionnaires, et leur donnent toujours le plus possible. Les banques, qui sont souvent actionnaires, leur prêtent peu et à des taux élevés. L'argent leur coûte cher.

Il va falloir les convaincre que le maintien d'une société vivable est plus important. Nous devrons faire valoir qu'elles ont besoin de salariés et de clients éduqués, en bonne forme et solvables. Mais la conviction ne suffira pas. Le MEDEF et le gouvernement ne cèderont que s'ils pensent que l'autre solution serait pire. S'ils sentent qu'ils vont perdre beaucoup : de l'argent pour les entreprises, du poids politique pour le parti au pouvoir. Ce n'est absolument pas impossible, mais il y faut une mobilisation puissante et déterminée. Ce ne sont ni la droite ni la majorité parlementaire qui en prendront l'initiative. Elle sera faite de toutes nos volontés, au travail et dans les organisations syndicales. Elle sera initiée et soutenue par le Parti de Gauche et le Front de Gauche, entre autres. Mais la victoire sera celle de tous ou ne sera pas.

 

Publié dans Les zinformations

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A
Voici un mot envoyé a JLM et bien d'autres mais ils s'en foutent tous donc pourquoi vouloir aider ?<br /> alain-tetart@hotmail.fr<br /> à Jean-Luc Mélenchon<br /> <br /> Je veux comme vous tout chambouler, donc j'essaie de trouver des idées concrètes à vous proposer pour que vous réussissiez !<br /> <br /> Je vous ai déjà fais part de mon idée de taxer tous les légumes et animaux de basse cour qui seraient élevés ou cultivés à plus de 50 kms du point de vente , ainsi que la création de fermes<br /> maraîchères et d'élevage pour 10 000 habitants, ce qui économiserait les transports et ce qui en découle, mais aussi qui pourrait créer 120 000 Emplois pour ce secteur de proximité ! (6 000<br /> Fermes de 10 Hectares avec 20 employés chacune)<br /> <br /> Voici donc une Nouvelle idée qui n'a pas encore était développé , ni par vous ni par les autres candidats, et qui doit soulever l'enthousiasme de millions de femmes, et qui peut vous faire<br /> élire ! Mon rêve !!<br /> <br /> Cette idée concerne la retraite<br /> <br /> Il est normal quand on est en couple de profiter du salaire du compagnon (mariage, concubinage, pacsage union libre etc etc ) donc il est normal que le montant des cotisations prélevées pour la<br /> retraite, sur le salaire du conjoint, profite aussi aux deux !!<br /> Ainsi au lieu d'attribuer sur un seul compte les points acquis il faudra attribuer ces points de retraite à deux comptes<br /> Si dans le couple les deux travaillent chaque retenue pour la retraite sera attribuée à deux comptes, ainsi à l'âge de la retraite chaque partenaire aura une retraite pleine et entière, même si les<br /> couples ont divorcé ou se sont séparés !<br /> Pour les célibataires les cotisations retraites seront versées sur un compte unique comme c'est le cas aujourd'hui !<br /> <br /> Cette nouvelle forme de calcul permettra à des millions de femmes de partir à la retraite avec une retraite décente, mais en plus ces retraites seraient beaucoup plus équilibrées ! Puisque les<br /> gros salaires feraient la retraite équitable des petits salaires!enfin beaucoup de femmes ne seraient pas obligées d'attendre le décès du mari pour profiter de la moitié de sa retraite !<br /> Comme il y a deux ménages sur trois qui divorcent on pourrait voir des retraites qui auraient plusieurs sources de cotisations et ainsi rendre beaucoup moins pénible la retraite de la majorité des<br /> femmes<br /> Par ailleurs beaucoup de femmes qui travaillent aujourd'hui pour leur indépendance financière et pour leur retraite ne se mettraient plus sur le marché de l'emploi et les patrons seraient<br /> certainement obligés de mieux payer leurs employés pour les garder ou pour recruter ! D'une pierre deux coups ! Je pense que cette idée peut apporter beaucoup de voix et vous en aurez<br /> besoin !<br /> <br /> Pour information et pour le lecteur de ce courrier, je préfère ne pas avoir de mot qui comme d'habitude va me confirmer que JLM n'a pas le temps de lire (c'est gentil mais je m'en doute bien, je<br /> préfère que vous passiez l'info assurément au candidat ) d'avance merci<br /> <br /> A Tétart
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M
Publicité :le maillot de l' AGRR la Mondiale se montre au mon dentier sur le dos de C Riblon à l'Alpe d'Huez<br /> Bravo
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