TSCG: l'Europe protège,... Mais qui ?

Publié le par cassetoi-vlp

Ce fameux TSCG, on en parle partout, je ne vois pas pourquoi je ne pondrais pas ma petite explication, moi aussi.

Premier point, il s'intègre dans un système d'ensemble. Adhérer au TSCG sert à pouvoir accéder au MES. Voilà qui éclaircit les choses, non ?

Non ? Bon, alors le MES, c'est le Mécanisme Européen de Stabilité. La stabilité des créances sur les États, c'est-à-dire la sécurité des banques, bien sûr. C'est l'Europe qui protège : on n'a pas précisé qui elle protégeait. Pour monter ce MES, les États s'engagent sur des centaines de milliards à fournir pour renflouer les banques en cas de besoin. Là-dessus, deux remarques :

  • En cas de nouvel accident systémique, ce sera loin de couvrir les besoins. Ces acteurs économiques manient des sommes bien au-delà des pauvres moyens des États.

  • Rappelons que « les caisses sont vides », du moins pour financer les retraites, la Sécu, l'école ou l'hôpital, entre autres. Soit c'est un mensonge, soit l'engagement est bidon. Et dans ce cas les financiers le savent. Or, s'ils n'y croient pas cela sert exactement à ...rien.

Bref, en gros, l'usage de tout ce système, c'est d'agir auprès des états endettés. Gentil, non ? Mais comme on n'est pas le bon Dieu non plus, il faut d'abord qu'ils s'engagent à être raisonnables. C'est bien le moins. Après tout, si vous mettez vous-même le feu à la maison, l'assureur risque de renâcler à rembourser. (Au fait puisqu'on en parle, les assureurs, comme financiers sans états d'âme, ils se posent un peu là. Oh, et puis vous trouverez bien vous-même un autre exemple.)

 

Ce qui se passe, dans le cas présent, c'est que l'argent ne va absolument pas à ceux qui sont dans le besoin. Ah, ben non : leur problème c'est la dette, on rembourse la dette. Principalement les intérêts, d'ailleurs. La France, comme la plupart des pays de l'Union, serait tout à fait dans les clous si une telle masse d'intérêts ne s'était accumulée depuis 1973. Au fait : « intérêts », c'est le nom que l'on donne aux profits, lorsqu'on est banquier. Enfin, l'un des noms. Pour résumer, vous êtes en train de vous saigner aux quatre veines pour payer une « assurance-manque à gagner » aux banquiers. Et comment ils feraient, sinon, pour les primes, les parachutes dorés, les retraites-chapeau, et tout le reste ? On a des frais, figurez-vous, dans la banque.

Donc, un pays qui ratifie le TSCG acquiert le droit de profiter de tout cela. Quelle chance ! Forcément, il y a un coût. On s'engage à tout faire pour éviter le déficit : de cette manière, on reste solvable, et les banquiers ne sont pas trop inquiets. C'est la fameuse règle d'or. Alors bien sur, un état qui ne fait pas de déficit, ne prépare pas non plus l'avenir. Sans déficit, nous n'aurions ni train, ni autoroutes, ni téléphone. Sans déficit, nous n'aurons bientôt plus de protection sociale, et quasiment plus d'état, hormis peut-être quelques moignons de fisc, d'armée, de pénitenciers... Et encore, tout se privatise, avec de la bonne volonté. Je ne parle même pas de l'éducation, de la santé, du social. Ces privatisations-là sont déjà dans les tuyaux, voire commencées. Autrement dit, pour résumer, un état qui n'a pas de déficit, c'est qu'il n'a pas fait son travail. Beau cadeau à la jeunesse, comme on le lit dans la grande presse.

« Et si on n'obéit pas ? » demande, provocateur, le jeune de service. C'est à ce moment que l'on voit que l'UE fait des progrès. Normalement, ils auraient monté toute une usine à gaz pour caractériser le dépassement, examiner les conditions, déterminer la sanction, et surtout se mettre d'accord sur tout cela. Il y en avait pour des années. Ordinairement, le fonctionnement européen a plutôt cette allure. Mais là, non. On a fait simple, rapide, efficace. La sanction est automatique.

Rappelons qu'en France, la sanction automatique, sans jugement, est réservée aux contraventions mineures, et inapplicable, bien sur, aux crimes et délits. Le MES, lui, vous colle une amende comptée en dizaines de milliards d'euros avec la même promptitude. C'est autre chose que les radars automatiques multipliés par Sarko, tout de même. Notons au passage que la manière de prendre le pognon est la même. Faites un geste pour la planète, recyclez vos méthodes de pressurage.

 

Alors comment, me demanderez-vous, comment sommes-nous tombés si bas ? Hmm ?

 

C'est toute une histoire. D'abord la négociation s'est faite le plus discrètement possible. Puis la signature n'a pas été rapportée par les grands médias. Mais enfin, la chose a fini par se savoir. Internet, tout ça... Comme si ces internautes ne pouvaient pas se contenter d'acheter de la musique et de se raconter leurs cacas sur facebook ! Un jour, il faudra bien y mettre un peu d'ordre. Mais je m'égare. Donc le lièvre a été levé, et les boucliers ont suivi. L'opposition s'est fâchée toute rouge, normal. Tenez, par exemple :

« ...carcan budgétaire concocté par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel et qui étend l’austérité infligée à la Grèce à toute la zone euro. »

« … austérité permanente et généralisée. »

Non, ces mots ne sortent pas d'un blog gauchiste confidentiel. Ils ont été prononcés en plein jour, le 22 février dernier à l'Assemblée Nationale par le président du groupe socialiste : Jean-Marc Ayrault. C'était pour expliquer son vote. Enfin, son non-vote, en réalité : les députés PS se sont abstenus de s'opposer trop brutalement, c'était une stratégie pour être efficaces.

Et puis est arrivée la campagne présidentielle. Le sujet est venu sur la table, avec un peu trop d'insistance pour le bien-être du candidat PS. Donc il a annoncé qu'il renégocierait le traité. Ah, mais ! C'était sans doute une blague, il passe pour avoir beaucoup d'humour. Ou bien la blague c'est ce qu'il a renégocié. Une petite fraction d'un point de PIB de crédits promis pour la croissance. Un volet, dans le vocabulaire officiel. Ce volet-là n'est même pas une chatière.

Ensuite, eh bien la formalité du Conseil Constitutionnel, qui a laissé ouverte la possibilité de ratifier sans l'avis des électeurs. Quand on voit la composition de cette auguste assemblée, on aurait gagné des sous à le parier d'avance.

 

Et aujourd'hui, on nous vend le modèle allemand, mais dans la boîte, c'est le modèle grec.

 

Retour à l'envoyeur ?

 

Rendez-vous à la Bastille, le 30 septembre et ne lâchons rien.

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